fromont jeune et risler aîné

Moeurs parisiennes

Alphonse Daudet

Fromont jeune et Risler aîné fut un triomphe et mérite ce titre aujourd’hui. « Roman de moeurs parisiennes », il nous décrit l’existence de quelques personnages que nous ne pouvons plus oublier après les avoir vus vivre.

 

Sidonie Chèbe et Risler l’aîné viennent de se marier, lui, âgé, ni beau ni très fin, mais très bon et très riche, elle, de famille pauvre, mais très ambitieuse et sans aucune moralité. Toute l’histoire repose sur les caprices et les aventures sentimentales de Sidonie aux multiples amants choisis dans son entourage familial. Des chapitres émouvants alternent avec des évocations précises de la vie des ouvriers d’usine en 1874, année de la parution du roman.

 

« Et voilà comme il se fait que le soir de son mariage, la jeune madame Risler, toute blanche dans sa toilette de noce, regardait avec un sourire de triomphe la fenêtre du palier où dix ans de sa vie tenaient étroitement encadrés. Ce sourire orgueilleux, où se peignait aussi une pitié profonde et un peu de mépris comme une nouvelle enrichie peut en avoir pour la médiocrité de ses débuts, s’adressait évidemment à l’enfant pauvre et malingre qu’elle croyait voir là-haut, en face d’elle, dans la profondeur du passé et de la nuit, et semblait lui dire en montrant la fabrique :

"Qu’est-ce que tu dis de ça, petite Chèbe ?…, Tu vois, j’y suis maintenant…" »

 

Et elle y restera presque jusqu’à la fin du roman, cette « petite gueuse ».